L’épidémie de fièvre de la Vallée du Rift (FVR), qui sévissait jusqu’alors principalement dans le nord du Sénégal, vient de franchir une étape préoccupante en touchant la capitale. Selon des sources officielles et des annonces relayées sur les réseaux sociaux, le premier cas de cette zoonose virale a été enregistré dans le district de Keur Massar, une zone densément peuplée de la banlieue dakaroise. Cette nouvelle soulève des inquiétudes quant à une possible propagation urbaine, alors que le pays fait déjà face à un bilan alourdissant.
La fièvre de la Vallée du Rift, une maladie virale transmise par les moustiques et affectant principalement le bétail mais aussi les humains, a émergé au Sénégal fin septembre 2025. Le premier cas a été détecté le 21 septembre dans la région de Saint-Louis, au nord du pays, déclenchant une alerte nationale. Depuis lors, l’épidémie s’est propagée rapidement, favorisée par les pluies abondantes et les inondations qui prolifèrent les vecteurs comme les moustiques Aedes et Culex.
D’après le dernier communiqué du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique daté du 14 octobre, le Sénégal comptait déjà 171 cas confirmés, dont 20 décès, avec un taux de létalité particulièrement élevé chez les personnes vulnérables. La région de Saint-Louis reste l’épicentre, avec 159 cas recensés. D’autres zones du nord, comme Louga (incluant les districts de Linguère et Keur Momar Sarr) et Matam, ont également été touchées, mais Dakar était jusqu’ici épargnée.
Le bilan national s’est encore aggravé ces derniers jours. Des posts récents sur X (anciennement Twitter) indiquent que, au 16 octobre, le pays a enregistré 196 cas confirmés, 21 décès et 147 guérisons. Cette hausse rapide de 171 à 196 cas en deux jours illustre la vitesse de propagation de la maladie, qui peut causer des symptômes graves comme des fièvres hémorragiques, des atteintes neurologiques ou des complications oculaires chez l’humain.
La FVR débute souvent par une fièvre aiguë, des maux de tête, des douleurs musculaires et une fatigue intense, mimant une grippe. Chez certains patients, elle évolue vers des formes graves : vomissements, diarrhées sanguinolentes, jaunisse ou encore une encéphalite. Le virus est principalement zoonotique, touchant ovins, bovins et caprins, mais il se transmet à l’homme via les piqûres de moustiques infectés ou le contact direct avec des tissus animaux contaminés (abortions, carcasses).
À Keur Massar, un district périurbain marqué par une forte densité de population et une proximité avec des élevages informels, les conditions sont idéales pour une amplification locale. Les inondations récentes liées à la saison des pluies ont exacerbé la prolifération des moustiques, rendant la vigilance accrue impérative.
Le ministère de la Santé a réagi promptement à cette incursion dans la région de Dakar. Une réunion intersectorielle, présidée par le Premier ministre le 3 octobre, avait déjà été convoquée pour coordonner les efforts. Aujourd’hui, des équipes de surveillance épidémiologique ont été déployées à Keur Massar pour tracer les contacts du patient index et mener des enquêtes entomologiques.
Parmi les mesures annoncées :
- Dératisation et désinsectisation : Pulvérisations massives d’insecticides dans les zones à risque.
- Sensibilisation : Campagnes auprès des éleveurs et riverains pour éviter le contact avec les animaux malades et porter des répulsifs.
- Renforcement des soins : Mise en place de centres de traitement isolés à Dakar, avec un appel à la vaccination du bétail (bien que limitée pour les humains).
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Afrique a été alertée et soutient les efforts sénégalais, soulignant que la FVR est une maladie prioritaire pour la surveillance en Afrique de l’Ouest en raison de son potentiel pandémique.
Par ailleurs, le Sénégal gère simultanément une épidémie de mpox (variole du singe), avec six cas confirmés à Dakar depuis août, sans lien direct avec la FVR mais alourdissant la charge des services sanitaires.