Saint-Louis, Sénégal – Une dynamique entrepreneuriale majeure se dessine dans la région nord du Sénégal, notamment dans les villages de Koppé Mangaye et Ngane, au sein de la commune de Gamadji Saré. Là, des groupements de femmes transforment la culture de l’oignon en un axe stratégique pour leur indépendance économique. Cette initiative est crucialement épaulée par le Projet de réhabilitation et d’extension des périmètres irrigués villageois (PREPIV).
Piloté par la SAED (Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal et de la Falémé), le PREPIV est un investissement vital visant à élever le niveau de vie de milliers de ruraux et à consolider la souveraineté alimentaire du pays. Ce programme d’envergure est financé conjointement par la Banque mondiale et l’État du Sénégal, pour un montant de 23 milliards de francs CFA.
Un plan d’investissement massif en infrastructures
Le financement se traduit par des actions concrètes : la réhabilitation de 3 165 hectares de terres, l’aménagement de 65 kilomètres de pistes rurales, l’achat de 7 moissonneuses-batteuses et 7 tracteurs, et l’édification de 12 unités de stockage pour les récoltes.
Ces moyens sont indispensables aux femmes des localités concernées. Organisées en GIE (Groupements d’Intérêt Économique), elles s’appuient sur ces aménagements pour faire de l’oignon une source de revenu fiable et se positionner comme des actrices économiques majeures, contribuant ainsi directement à l’autosuffisance du Sénégal.
Des productrices déterminées et des appels à l’aide
Leur détermination a été mise en lumière lors d’une récente inspection de chantier. Menée par El Hadji Mbargou Lô, délégué de la SAED à Podor, et en présence de Mouhammad Khalil Matayir Mbaye et Saidou Gaye, respectivement directeur des aménagements et coordonnateur du PREPIV, cette visite a permis aux productrices d’exprimer leurs besoins.
À Koppé Mangaye, où les femmes cultivent déjà l’oignon, le chou, la tomate et le piment sur un petit périmètre, la présidente du GIE Bamtaaré, Mariam Sow, a rappelé le potentiel de l’oignon. Elle le qualifie de « culture à fort potentiel économique », capable de générer des emplois et de meilleures marges sur les marchés. Elle a vivement souhaité l’agrandissement des surfaces exploitables, une requête qui sera bientôt satisfaite par la SAED avec l’aménagement prévu de plus de quarante hectares.
À Ngane, la délégation a rencontré les femmes qui attendaient la réhabilitation de leurs périmètres, inactifs depuis trois ans. Aminata Sow, leur porte-parole, a supplié la SAED d’accélérer l’exploitation des terres offertes par les notables du village. Elle a souligné que, bien que produisant suffisamment, la communauté subit des pertes importantes (jusqu’à un quart de la production) en raison du manque de chambres froides. Elle a donc pressé les autorités de fournir ces infrastructures vitales pour la conservation.
Le délégué de la SAED a exhorté les entreprises à honorer leurs engagements, insistant sur la nécessité de livrer les réseaux d’irrigation et les digues de protection à temps. L’objectif est de permettre le lancement de la campagne agricole, prévue entre la fin octobre et le début novembre, un effort qui est au cœur de la stratégie nationale visant à « promouvoir l’entrepreneuriat féminin » et renforcer la résilience des populations rurales.