Les promoteurs d’applications de prêts vivent-ils leurs dernières heures au Sénégal ? En effet, les nouvelles autorités, informées de ces dérives, ont diligenté des enquêtes. Les personnes à arrêter ainsi que leurs lieux d’activités ont déjà été identifiés, y compris les numéros de téléphone souvent utilisés pour harceler leurs clients.
Dans cet article, nous ne donnons pas le nom des plateformes afin de ne pas gêner l’enquête en cours. Selon les dernières informations obtenues par exclusif.net, la police a déjà identifié toutes les personnes impliquées directement ou indirectement dans cette pratique non reconnue par l’État du Sénégal, suite aux nombreuses plaintes. Bientôt, les autorités devraient lancer un assaut dans ces lieux. Certes, certains agents opèrent à distance, mais les enquêteurs ont également réussi à les localiser.
Il s’agit en réalité des prêts en ligne, un phénomène qui a pris de l’ampleur au Sénégal depuis deux ans. Avec la crise économique, ces applications, téléchargeables via smartphone, se répandent grâce à des publicités mensongères proposant des prêts de 500.000, 400.000 ou 300.000 FCFA remboursables sur 90 ou 120 jours.
Mais une fois téléchargées, la réalité est tout autre : par exemple, pour un prêt annoncé à 8.500 FCFA, l’utilisateur ne reçoit que 5.500 FCFA, le reste étant immédiatement prélevé comme « frais » ou intérêts, à rembourser en 7 jours. De même, un prêt de 100.000 FCFA peut aboutir à un versement réel de seulement 65.000 FCFA. Ces conditions léonines ruinent les demandeurs, qui perdent des sommes importantes.
Sur RFM, une dame en larmes raconte comment elle a été ruinée par ces plateformes dont les taux d’intérêt dépassent tout entendement.
Le journal Enquête a interrogé des victimes de ces plateformes, qui témoignent de leur détresse sur les réseaux sociaux. Attirées par des offres de petits montants rapides (par exemple 6.500 F CFA à rembourser 10.000 F CFA en une semaine), elles se retrouvent piégées par des conditions abusives : amendes journalières en cas de retard, exploitation massive de leurs données personnelles et harcèlement.
Pour obtenir un prêt, les utilisateurs doivent fournir leur nom, numéro de téléphone, pièce d’identité, selfie et coordonnées de proches. Ces informations sont ensuite utilisées pour les intimider : appels à l’employeur, au conjoint ou aux proches afin de les discréditer et les pousser à payer. Beaucoup ont perdu leur emploi, vu leur couple fragilisé ou subi un harcèlement social insupportable.
Face à ces abus, un collectif de victimes a vu le jour, regroupant une centaine de personnes. Il dénonce la collecte illégale de données et a porté plainte pour harcèlement et usage frauduleux d’informations personnelles. Malgré les alertes des autorités, ces sociétés changent régulièrement de nom ou de logo pour poursuivre leurs activités, laissant les victimes sans véritable protection.