Le Tribunal de Grande Instance de Mbour (sur la petite côte) a jugé, mardi, deux hommes, Ibrahima N. (36 ans) et Ndiaga S. (18 ans), poursuivis pour “actes contre nature”. Le procureur a requis cinq ans de prison ferme et une amende de 1,5 million de FCFA contre Ibrahima N., et deux ans de prison contre Ndiaga S.
L’affaire remonte au dimanche 24 août 2025, lorsque Racine S., frère aîné de Ndiaga et commerçant établi à Thiadiaye, signale la disparition de son jeune frère à la gendarmerie de Mbour. Il soupçonne immédiatement le collègue de Ndiaga, Ibrahima N., avec qui ce dernier effectuait des tournées sur les marchés hebdomadaires de la commune. Racine S. fonde sa conviction sur les propos équivoques qu’Ibrahima N. lui aurait tenus, assurant que Ndiaga était “bien portant” mais avait “besoin de prières pour revenir”.
Sur convocation, Ibrahima N. nie dans un premier temps toute implication dans la disparition. La fouille de son téléphone portable change le cours de l’enquête : les gendarmes y découvrent une vidéo le montrant, à visage découvert, en train d’entretenir des rapports sexuels avec Ndiaga S. Confronté à cette preuve, Ibrahima N. passe aux aveux. Il reconnaît une relation sexuelle avec le jeune homme et affirme que sa disparition n’est que son refuge dans la ville de Thiès. Ndiaga S. est rapidement localisé et appréhendé. L’examen de son propre téléphone révèle des vidéos similaires.
Lors de l’audience, Ibrahima N., qui avait pourtant reconnu les faits lors de l’enquête préliminaire, opère un revirement complet et conteste énergiquement les accusations.
Son co-prévenu, Ndiaga S., livre à la barre des déclarations qui mettent à mal les dénégations d’Ibrahima. Le jeune homme de 18 ans reconnaît les faits sans ambages et décrit le rituel de leur relation. Selon son témoignage, Ibrahima N. aurait eu des rapports sexuels avec lui à cinq reprises. Avant chaque séance, Ibrahima satisfaisait un premier “vice” en s’accordant une jeune fille, qui devenait ensuite témoin des relations entre les deux hommes. Ndiaga S. était quant à lui chargé de filmer ces scènes.
Pour expliquer sa soumission, Ndiaga S. a évoqué l’emprise qu’Ibrahima N. exerçait sur lui. Ce dernier l’aurait conduit chez un charlatan pour des “bains” de potions magiques, censés le protéger et prospérer dans ses affaires. “Ces bains m’ont constamment poussé à répondre à ses multiples sollicitations”, a-t-il témoigné.
À l’issue des audiences, le procureur de la République a estimé incontestable la capacité d’Ibrahima N. à influencer Ndiaga S., mineur au moment des faits. Il a requis cinq ans de prison ferme et une amende de 1,5 million de FCFA contre Ibrahima N., et deux ans de prison contre Ndiaga S. Le délibéré est fixé au mardi 7 octobre.