Deux figures montantes du journalisme indépendant au Sénégal, Houleye Mané et Fatima Kide, ont annoncé avoir déposé une plainte contre le groupe médiatique Walfadjri. Elles accusent ce dernier de diffamation et d’abus de pouvoir dans une tentative présumée de faire supprimer leur chaîne YouTube « Jotaayu Justice ». Cette affaire met en lumière les tensions croissantes entre médias traditionnels et créateurs de contenu en ligne dans le pays.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, les deux femmes expliquent avoir créé et développé leur chaîne avec « sérieux et détermination ». Spécialisée dans les revues de presse judiciaire et les analyses sur des affaires sensibles, « Jotaayu Justice » compte aujourd’hui plus de 72 700 abonnés et plus de 7 millions de vues cumulées, selon des données publiques disponibles sur YouTube. Cependant, depuis plus de trois mois, le groupe Walfadjri un des principaux acteurs médiatiques sénégalais connu pour sa télévision et sa radio aurait signalé la chaîne à YouTube, réclamant sa suppression. Selon Houleye Mané et Fatima Kide, Walfadjri a présenté comme preuves des éléments de contenu qui leur appartiennent en réalité, affirmant à tort qu’il s’agissait d’une utilisation non autorisée de leurs propres matériaux.
« Nous tenons à informer l’opinion publique que nous avons déposé une plainte contre le groupe Walfajri pour diffamation et abus de pouvoir », déclarent-elles dans leur communiqué. Elles soulignent que ces accusations mensongères visent non seulement à nuire à leur travail, mais aussi à porter atteinte à leur image et à leur droit à l’expression libre. Face à cette situation, les plaignantes ont saisi les autorités compétentes en cybersécurité. La semaine dernière, Houleye Mané et Fatima Kide ont été auditionnées dans le cadre de cette procédure, comme l’indiquent plusieurs sources médiatiques.
Cette affaire n’est pas isolée. Des informations récentes font état d’une suspension temporaire de la chaîne « Jotaayu Justice » suite à des réclamations émanant de Walfadjri, selon des publications sur les réseaux sociaux et des médias en ligne. Houleye Mané et Fatima Kide, souvent qualifiées de « femmes battantes » dans leur communiqué, se sont fait connaître par leurs revues de presse incisives sur des sujets judiciaires, comme l’affaire Farba Ngom ou le procès de Bachir Fofana, où elles ont commenté des événements publics avec un ton engagé. Leur chaîne, active depuis plusieurs années, s’inscrit dans un paysage médiatique sénégalais en pleine mutation, où les plateformes numériques challengent les médias établis.
Le groupe Walfadjri, de son côté, n’a pas encore réagi publiquement à ces allégations. Fondé dans les années 1980, il est réputé pour son journalisme indépendant, mais a déjà fait l’objet de controverses liées à des conflits avec d’autres acteurs médiatiques. Cette plainte pourrait ouvrir un débat plus large sur la protection des créateurs en ligne face aux géants des médias traditionnels, surtout dans un contexte où les signalements abusifs sur des plateformes comme YouTube peuvent entraîner des suspensions rapides et préjudiciables.
Houleye Mané et Fatima Kide concluent leur communiqué sur une note déterminée : « Nous restons déterminées et continuerons à faire valoir nos droits jusqu’au bout. » Elles appellent le public national et international à être informé de cette procédure, qu’elles présentent comme une défense de leur travail et de la liberté d’expression. L’issue de cette affaire, qui implique désormais les autorités en cybersécurité, sera suivie de près .Pour l’instant, la chaîne « Jotaayu Justice » reste accessible, bien que des tensions persistent. Cette histoire illustre les défis auxquels font face les journalistes indépendants dans l’ère numérique, où la concurrence peut vite virer à l’affrontement judiciaire.


