Le voile se lève enfin sur l’un des crimes les plus glaçants qu’ait connus la banlieue dakaroise ces dernières années. A. Diouf, mécanicien domicilié à Guédiawaye, déjà incarcéré pour vol de moto, a été extrait de prison par la police de Yeumbeul-Comico avant d’avouer sa participation au meurtre du convoyeur Modou Mbacké Ndiaye. Une révélation qui met fin à cinq mois de cavale et vient boucler une enquête minutieuse menée par le commissaire Ousmane Diop et ses hommes.
De la cavale à la cellule : la chute du cinquième homme
Pendant plus de cinq mois, A. Diouf pensait avoir définitivement échappé aux radars. Après le meurtre de Modou Mbacké, il s’était volatilisé, menant une vie d’errance entre Casamance, Guédiawaye et Thiaroye.
Ironie du sort : c’est derrière les barreaux, où il purgeait une peine pour un vol de moto, que les policiers de Yeumbeul-Comico l’ont finalement retrouvé.
Informé de sa détention, le commissaire Ousmane Diop, qui n’a jamais lâché le dossier, a ordonné son extraction. Confronté aux preuves matérielles recueillies au fil de l’enquête — témoignages, recoupements téléphoniques, éléments vidéos — le mécanicien a fini par craquer et avouer sa participation. « Nous étions quatre sur la moto cette nuit-là : Thiouth, Dieng Salla, Billy Boy et moi. Je suis resté sur la moto, pendant que les trois autres le suivaient dans la rue », a-t-il reconnu devant les enquêteurs.
Le scénario d’un crime prémédité
Le meurtre du convoyeur Modou Mbacké Ndiaye, gérant de la quincaillerie Les Établissements Abdou Aziz Diop, avait bouleversé tout Yeumbeul.
La nuit du drame, filmée par une caméra de surveillance, révèle une scène d’une violence inouïe.
Le jeune homme, marié et père d’un bébé de trois mois, rentrait tranquillement chez lui lorsqu’il a été pris en embuscade par trois malfaiteurs armés d’un couteau, d’un bâton et d’une barre de fer. Froidement, ils le rouent de coups, le poignardent à plusieurs reprises avant de lui arracher sa sacoche contenant huit millions de francs CFA, puis s’enfuient sur la moto conduite par A. Diouf. Gravement blessé, Modou Mbacké est transporté à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, où il succombe peu après à ses blessures.
Le partage du butin et la fuite
Après le meurtre, les malfaiteurs se réfugient dans la bande des filaos de Guédiawaye, où ils procèdent au partage des huit millions de francs CFA volés.
Puis chacun prend la fuite : certains vers le Lac Rose, d’autres vers l’intérieur du pays.
A. Diouf, lui, choisit de s’exiler en Casamance pendant plusieurs mois avant de revenir discrètement dans la banlieue. Mais ses vieilles habitudes le trahissent : rattrapé pour un nouveau vol de moto à Thiaroye, il est envoyé en prison, sans imaginer que la justice le rattraperait pour meurtre.
Vers la Chambre criminelle
Face à la gravité des faits — association de malfaiteurs, meurtre, vol avec violence commis en réunion avec usage d’arme blanche et de moyen de locomotion — A. Diouf risque la réclusion criminelle à perpétuité.
Un spécialiste du droit pénal, interrogé sur cette affaire, confie :
« Vu la nature des charges et la cruauté des faits, ce dossier sera sans aucun doute renvoyé devant la Chambre criminelle. »
À ce jour, cinq membres de la bande ont été identifiés et écroués. Deux autres demeurent encore dans la nature.
Un crime qui hante encore Yeumbeul
Plus d’un an après les faits, le souvenir de Modou Mbacké Ndiaye reste vif dans les mémoires.
Ce jeune convoyeur, décrit par ses proches comme « travailleur, discret et pieux », a été victime d’un guet-apens impitoyable tendu par des hommes qui connaissaient son itinéraire et ses habitudes.
Grâce à la ténacité des enquêteurs de Yeumbeul-Comico, la vérité se dessine peu à peu. Mais la traque continue : les deux derniers membres de la bande sont activement recherchés.
Dakaractu


