HomeAfricaLe cheval de Troie du système et la bataille de 2029

Le cheval de Troie du système et la bataille de 2029


Le système est en train de se recomposer autour d’un nouveau cheval de Troie : la coalition Diomaye. Derrière le discours d’unité et d’ouverture, se met en place une stratégie subtile de restauration. Des figures issues du régime précédent, réintroduites dans l’appareil d’État, se rapprochent de cadres pastefiens en quête de repositionnement. L’objectif est clair : neutraliser la portée révolutionnaire du projet et diluer la rupture dans une concorde nationale de façade.

Il existe aujourd’hui une divergence profonde entre Ousmane Sonko et la ligne portée par la coalition Diomaye. Ousmane Sonko veut le projet dans son intégralité, fidèle à la vision initiale du Pastef, sans compromis ni déviation. Diomaye, lui, avance selon un rythme politique qui n’est pas celui du projet. Il compose avec des hommes qui n’en partagent ni la foi ni les fondements. Le problème n’est donc pas seulement idéologique ; il est aussi humain. Plusieurs responsables placés au cœur de l’État agissent à contre-courant de la ligne du parti et participent, consciemment ou non, à la reconstruction du système que nous avons combattu.

La présidence, dans sa configuration actuelle, est devenue le centre d’influence de cette coalition. On y retrouve le noyau dur du courant Diomaye, qui pousse à substituer au projet de rupture un discours de réconciliation nationale permettant au système de se redéployer. Cette manœuvre, présentée sous le sceau de la concorde, vise en réalité à installer un nouvel ordre de compromis. Ce processus s’articule autour d’un enjeu central : l’échéance présidentielle de 2029.

Tout ce qui bouge aujourd’hui dans les sphères politiques, médiatiques et administratives s’inscrit dans cette perspective. Diomaye sait qu’il ne dispose pas d’une légitimité militante forte au sein du parti. Il cherche donc à se construire une base en dehors du Pastef, en incarnant une coalition nationale prétendument inclusive. Ce faisant, il trahit la philosophie du projet, qui s’est construit au sein du Pastef et par le peuple patriote.

Ousmane Sonko reste l’inspirateur, le gardien moral et le moteur du projet. Il doit être remis au centre de la ligne politique et stratégique du parti. Le Pastef doit réaffirmer clairement que c’est lui, et lui seul, qui portera la continuité du projet en 2029. Sans cette clarification, le risque est grand de voir le système se reconstituer sous un visage nouveau, en absorbant progressivement notre victoire populaire dans une alternance sans rupture.
La sortie récente d’Abdourahmane Diouf en est l’illustration. Derrière un ton apparemment mesuré, son discours valide la logique de concorde nationale et prépare le terrain d’une alliance élargie qui exclurait la radicalité du projet initial. C’est une stratégie politique de restauration.

Il est donc impératif d’agir. Trois axes s’imposent :
Clarifier et réaffirmer la ligne idéologique du parti autour du projet originel.

Réajuster la composition du gouvernement et des postes stratégiques pour écarter ceux qui affaiblissent la cohérence du projet.

Sécuriser juridiquement la perspective de 2029, notamment en supprimant les articles L29 et L30 du code électoral, qui pourraient être utilisés comme prétexte pour empêcher la candidature du président Ousmane Sonko.

Le président Diomaye doit également clarifier sa position. Il est membre du Pastef, il en partage l’histoire et les valeurs. Il doit dire clairement s’il se situe dans la continuité du projet porté par Sonko, ou s’il choisit une autre voie avec les résidus du système. Dans le premier cas, il doit se séparer de ceux qui instrumentalisent son mandat pour préparer une alternance de continuité : Abdourahmane Diouf, Mary Teuw Niane, Mimi Touré et tous ceux qui, depuis l’intérieur, sapent la cohérence du projet. Dans le second cas, il assumera une rupture politique avec le mouvement patriote.

Nous n’avons pas le droit à l’ambiguïté. Ce moment exige de la clarté, du courage et de la loyauté. Soit nous consolidons le projet autour de Sonko comme boussole et repère, soit nous laissons le système reprendre la main, en transformant notre conquête historique en simple changement de régime.

Tidiane Sarr – Coordonnateur Pastef Neuchâtel (Suisse)

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