Le nouveau ministre de l’intérieur fraîchement installé à la place Soweto a décidé de prendre à bras le corps le sempiternel problème du désencombrement ou de déguerpissement de marchands et autres corps de métier ( mécanicien , Djakarta men etc.) qui sont coupables d’occupation illégale de la voie publique. En effet l’administration territoriale de concert avec les forces de l’ordre ont reçu du ministère de l’intérieur l’injonction de procéder à la libération des voies publiques.
Une mesure ayant toujours montré d’une part son inefficacité, car après tout déguerpissement les travailleurs de l’informel qui s’acquittent de la taxe de perception municipale quotidienne , reviennent occuper les voies car il faut bien assurer la pitance.
D’autre part, elle est source de frustration. Le nouveau régime à l’instar des précédents, va droit au mur et connaîtra assurément un échec. En effet, le phénomène des marchands ambulants et autres tabliers est consubstantiel au caractère informel de notre économie. Les marchands ambulants, c’est le socle autour duquel, s’agrège toute une activité de petits métiers de l’aube au coucher du soleil, rythmant ainsi la vente et la consommation de produits alimentaires, allant du vendeur de café Touba, le fondé matinal la vendeuse d’eau glacée, le bol de riz du déjeuner, au légendaire thé sénégalais qui s’en suit, et se terminant par la vendeuse de couscous du soir. Déguerpir cette frange de la population composée en majorité de jeunes, c’est remettre en cause toute une chaîne de valeurs créée par ses activités annexes, exercées en majorité par des femmes. Au finish le désencombrement crée plus de dégâts , qu’il ne règle de problèmes.
De plus le contexte économique et social tendu et caractérisé par une raréfaction des ressources financières , est propice à tout mouvement d’humeur et serait a juste titre récupéré par l’opposition. Entre des voies dégagées et des goorgoorlou qui jouent un rôle important dans notre économie, mon choix va pour le second. Dans notre pays, l’emploi est le principal défi à relever, notamment celui des jeunes. Il y a quelques années un puissant maire de la capitale, s’était juré de désencombrer Dakar des ambulants, on connaît la suite…L’ancien ministre de l’intérieur le Général Tine a reculé devant l’intransigeance des déguerpis. On connaît la suite.
Nous pensons que la priorité du nouveau ministre de l’intérieur devrait plutôt être la sécurité des biens et des personnes. En effet la recrudescence de la violence et des agressions et autres braquages par des gangs lourdement armés qui s’attaquent aux commerces et entreprises. La violence organisée et entretenue par une frange importante de notre jeunesse consécutives aux navétanes et aux combats de lutte, qui hantent la tranquillité des populations , voilà Monsieur le Ministre de l’intérieur des défis que vos services doivent s’atteler à résoudre.
L’ administration Diomaye Sonko ne doit pas oublier le rôle déterminant de cette classe défavorisée, issue du milieu rural, lors du scrutin du 24Mars 2024. L’Etat et ses démembrements doivent faire preuve de compréhension, de compassion et de mansuétude à l’égard des couches sociales les plus vulnérables. Les mesures administratives de désencombrement, ne sont que des palliatifs provisoires et dérisoires devant un accroissement quotidien de la population dakaroise.
Notre pays ne peut plus faire l’économie de la création d’une nouvelle capitale administrative et politique. Voilà la rupture à engager pour de manière durable et définitive résoudre l’hypertrophie de la presqu’île qu’est Dakar. Une ville nouvelle englobant toute l’administration depuis la présence de la République, la primature, l’assemblée nationale, les ministères, les directions générales , et à situer au moins à une centaine de kilomètres de Dakar, est un piste de solution.Abuja et Yamoussoukro, en sont des parfaites illustrations dans la sous-région.Le régime actuel auréolé du soutien et de la confiance des populations, doit s’engager dans une politique courageuse et audacieuse de décentralisation, dont la création de cette nouvelle capitale en serait l’épicentre. Dakar est à l’image d’un nez bouché, ou d’une marmite dont le couvercle peut sauter à tout moment.Le colonialiste français a créé la capitale administrative à St-Louis, les pères fondateurs de l’indépendance, l’ont déplacé à Dakar.
L’administration Macky Sall à son Diamniadio. Plus de 60 ans plus tard , le pays attend son “grand bond en avant” , ou ” sa longue marche verte”. Voilà un projet de rupture systémique, une solution sur laquelle, on attend les tenants du pouvoir. En attendant laissons les ambulants et pauvres goorgoorlou travailler surtout à quelques encablures de la rentrée des classes.
Mon slogan : «Bayi lén khaléyi gnou LIGUEY ! »
Mr Wade Magued doyen
MPCD Sénégalrek